IntroductionAnnée 2512 : La guerre entre les Trykers et les Matis bat son plein. La region du Lagon de Loria est au coeur de toutes les convoitises. Le roi Jinovitch lance ses troupes à l'assaut des premiers postes-frontières des Lacs. De leur côté, Yrkanis le déchu et le gouverneur Wyler montent une coalition visant à contrecarrer ses ambitions. La seve des Homins coule à flot, deux peuples s'affrontent avec rage et conviction, paysans et guerriers, de tous âges et de toutes origines, sous une même bannière et jusqu'à ce que l'ennemi ne soit plus. La bravoure se mesure alors au nombre de têtes coupées accrochées aux ceinturons des plus téméraires. Des râles d'agonie se mêlent aux chants guerriers et au sifflement des armes. Partout, le chaos.. une estampe tintée des reflets multicolores de la guerre.
Au loin, un Homin abat son épée sur un corps inerte, une nouvelle tête vient s'ajouter aux trois autres déja tranchées. Le meurtrier hurle quelques ordres immédiatement appliqués à la lettre par ses subordonnés.
Sur son dos est écrit un nom : Ni-Kwen.
Au soir, la victoire de la coalition est totale. Jinovitch, lâché par ses hommes, charge seul dans un dernier acte de bravoure et trouve une mort douloureuse entre les mandibules d'un Kitin. Les survivants fêtent l'évènement en détroussant les cadavres des agresseurs. Un cri poussé à l'unisson symbolise la volonté des deux peuples de vivre en paix.
Yrkanis succède à Jinovitch. Une nouvelle ère commence : un traité de paix et de libre échange sont signés, rapidement suivit par la ratification des droits de l'Homin. Le commerce entre les peuples est réouvert, interdisant la vente d'esclaves.
Année 2513 : Ni-Kwen profite d'une permission pour visiter les terres Matis.
Chapitre premier : le meurtre- Homins, pour les Lacs, pour vos proches, tuez !
Le groupe acquiesca.- Homins, ce soir.. l'histoire se souviendra de vous !
- Hourra ! Hourra !
Ni-Kwen astiquait machinalement sa lame. Il avait revêtu un kimono blanc afin d'impressioner l'ennemi lorsque celui-ci serait recouvert de seve. De par son jeune âge, il avait tout à prouver et comptait bien à ce que ses supérieurs reconnaissent sa valeur au combat. Près de lui, des Homins priaient ou pleuraient, lui-même avait peur et tachait tant bien que mal de ne pas le montrer.
Un roulement de tambours résonna à travers le Lagon, suivit d'une clameur générale. Ni-Kwen comprit que le charnier commencait, il dégaina et partit au combat. Une fois sur le front, la danse macabre remplaca peu à peu les craintes qui obscurcissaient son esprit. Il souriait bêtement, fauchant un membre par-ci, donnant le coup de grâce par là, il ne pensait plus et agissait comme une bête sauvage. Soudain, une forte poigne le saisit par les cheveux, il se retourna difficilement et vit la machette embrasser son cou.. il ferma les yeux et sentit ses forces l'abandonner.
Ni-Kwen sursauta, la sueur perlait à grosses gouttes sur son front.
Toujours ce cauchemard.. Le même depuis des mois.Encore tremblant, il se prépara une pipe de shooki, pinça l'objet entre ses lèvres et inspira longuement. Une fois le rituel terminé, il s'endormit.
Le lendemain midi, encore éprouvé par la violence de ses mauvais rêves, il partit en toute hâte pour le bar d'Yrkanis. Il avait rendez-vous avec quelqun et n'osait se présenter à lui en retard.
Peu de temps après, il arriva à destination.
Le bar empestait la sueur des Homins, Ni-Kwen prit son mouchoir et le porta à son nez. Il parcouru brièvement la pièce des yeux puis prit la résolution de commander un verre au tavernier. Des Homins le fixaient d'un regard hautain; au lendemain de la guerre, il était encore rare de croiser un Tryker dans ce genre de lieux. Il leur rendit son plus beau sourire, ce qui ne fut pas à leur convenance. En s'approchant du comptoir, l'un d'eux le fit tomber d'un croche-patte. Il se releva lentement, conscient qu'il ne valait mieux pas attirer l'attention, et s'inclina devant eux. Un Matis renversa un peu de vin de stinga sur sa robe, faisant ressortir une teinte grossière.
- Ho ! Excuses moi Bonhomin, je ne t'avais pas vu, penses à prendre un tabouret la prochaine fois !Ni-Kwen fit un pas vers leur table et y posa la peaume de sa main droite. Les verres furent projetés au sol au grand étonnement de ses interlocuteurs.
- La maladresse ne tue pas.. rétorqua-il calmement.
- Sale nabot.. tu tiens à mourrir jeune ? Je vais te crever..
- mmm.. mais de quoi m'accusez vous à la fin ?
- Tu nous prends pour des réfugiés ? On sait encore reconnaitre une onde de choc.. de la magie d'impuissant !Ni-Kwen ne répondit pas. Le plus entreprenant du groupe vociféra une menace.
- As-tu deja entendu le bruit strident d'une lame tranperçant le corps d'un Homin ?
- Je préfère de loin celui d'une tête roulant sur le sol.. Mais oublions cela s'ils vous plaient.. Je cherche Sieur Gerval, peut être l'avez-vous vu ?Les Matis blémirent. Ger.. Gerval, il est au premier étage bégaya l'un d'eux.
- Merci à vous et amusez vous bien. Caporal Ni-Kven vous salue. Il leur tourna le dos et partit vers la direction indiquée.
Dans un coin sombre, deux Homins jouaient aux dés, une forte somme était posée sur la table. Ni-Kwen reconnu de suite l'un des deux joueurs, Gerval s'en donnait à coeur joie pour plumer une innocente victime sous l'emprise de la boisson. L'adversaire de son ami se leva brusquement et le saisit au col.
Tu as triché raclure de yelk !Gerval retourna la situation en un rien de temps, posa la main du mauvais perdant sur la table et y planta sa dague.
- La prochaine fois, ça sera mon épée lourde.. Suivant !Ni-Kwen fit racler sa gorge, le Matis se routourna brusquement. Encore un amateur de gruyère ?
- Je préfererai que vous me payez un verre avec ce que vous venez de lui extorquer.- Le Matis sourit à pleines dents.
Ni-Kwen ! Tu es ponctuel, comme toujours.. assieds toi donc.
- Je suis heureux de vous revoir en pleine forme, mon maitre..Gerval fit un signe de la main au tavernier.
- De la gneole, de la bonne ! Et des femmes aussi !
- Maitre.. pourquoi m'avoir convié ici ? Au milieu de la populace.. c'est indécent pour un Homin de votre rang..
- mm.. pour rester discrets.. mais en vérité, j'aurai un petit service à te demander.Gerval s'approcha de Ni-Kven et prononca quelques mots dans le creux de son oreille.
- Je vois, ça sera fait.. maitre.Les deux Homins burent plusieurs verres en bonne compagnie puis quittèrent le bar quelques heures plus tard. Avant de se séparer, Gerval dicta les dernières directives.
- Tu n'as pas le droit à l'erreur, ou tu mourras.. foi de Gerval.
- Oui maitre.
- Si tu n'es pas revenu dans deux lunes, je lacherai mes Hommes à ta poursuite.
- C'est entendu, je n'échouerai pas. Dois-je lui donner votre nom avant qu'il ne meurt ?
- Oui.Ni-Kven s'inclina respectueusement et se retira.
Il revint auprès de son maitre vers le milieu du second cycle lunaire. La tache n'avait pas été des plus simple, l'Homin l'avait par plusieurs fois supplié d'épargner sa vie, au nom de sa femme et ses enfants, pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Ni-Kven craignait bien plus la colère de Gerval que le jugement des Kami ou de la Karavan. Il avait fermé son coeur et tué pour sa propre survie, sans haine et sans colère, comme un soldat. Le colis avait été remis : une feuille d'écorce marquée de l'empreinte ensanglantée de la victime. Gerval était satisfait, c'était le principal..